Dans les coulisses de vos assiettes : les défis rencontrés par les agriculteurs européens et libanais

Analyse de politique de Zeina Dagher, rédactrice et Anna Margerin, rédactrice

Decembre13, 2020

Il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance de l’agriculture dans notre monde actuel : se nourrir est un besoin vital qui a toujours irrigué la construction de nos sociétés, des plus primaires aux plus récentes. Par ailleurs, nos habitudes alimentaires évoluent au cours du temps tant elles sont façonnées par nos modes de vie. 

Cependant, les principes de l’économie moderne sont difficilement compatibles avec les difficultés auxquelles les agriculteurs font face : le climat de plus en plus instable et la présence d’insectes envahisseurs peuvent faire chuter l’offre alimentaire de façon imprévisible. Or, la demande de nourriture reste stable. Cela engendre la hausse des prix, compromettant ainsi la sécurité alimentaire ainsi que la pérennité de l’activité des agriculteurs. De plus, le temps que les plantes prennent pour pousser (contrairement aux produits industriels qui sont fabriqués en une journée) impose un décalage entre la production et l’achat. Cela cause une multitude de problèmes que l’on ne trouve pas dans les autres secteurs. 

Il convient d’ajouter, à la production agricole plus classique, une demande de plus en plus spécifique : celle des produits « bio ». C’est un nouveau défi pour les agriculteurs qui doivent se soumettre à des normes très strictes et payer un label très onéreux, menaçant alors leur rentabilité. 

Il résulte de toutes ces considérations que l’agriculture devrait bénéficier d’un soutien particulier. En France, et plus généralement au sein de l’Union Européenne (UE), plusieurs programmes normatifs ont été mis en place pour soutenir les agriculteurs, dont la Politique Agricole Commune (PAC) – mais nombreux sont ceux qui demeurent insatisfaits. Au Liban, pays des terres fertiles, la situation n’est pas meilleure. Le sous-développement du secteur agricole libanais est l’un des premiers facteurs à l’origine de la crise économique difficile. Dans ces temps troublés, le manque de législation au soutien de ce secteur fragile se fait particulièrement ressentir : les agriculteurs et les autres producteurs sont les premiers à souffrir de cette crise. 

Ainsi, dans ce qui suit, seront abordés les insuffisances de la PAC en France et dans l’UE, les défis de l’agriculture libanaise, la question de la certification « bio » et les nouvelles attentes des consommateurs ; dans l’espoir de montrer les lacunes des lois dans ces domaines.

Les dépenses relatives à l’agriculture n’ont cessé d’augmenter, mais elles ne demeurent plus la dépense budgétaire prédominante Pour un autre PAC, 2020

Les dépenses relatives à l’agriculture n’ont cessé d’augmenter, mais elles ne demeurent plus la dépense budgétaire prédominante Pour un autre PAC, 2020

Si, initialement, le calcul des subventions s’appuyait sur le rendement d’une terre agricole ou d’un élevage, il repose, désormais, sur la taille du terrain : plus un producteur détient d’hectares, plus il bénéficie d’aides. Si ce calcul désavantage déjà les petits producteurs, il n’explique pas toujours la marge de différence entre les subventions allouées pour un hectare. En 2018, la Cour des comptes adresse un référé au ministère de l’agriculture dans lequel elle indique qu’en 2015, 10% des agriculteurs les plus aidés recevaient environ 315 euros/ha alors que les 10% des agriculteurs les moins aidés devaient survivre avec 128 euros/ha. Selon un rapport commandé par la commission européenne, plus de 30% de la somme totale est versée à 131 000 des 6,7 millions d’exploitations agricoles dans l’UE. Ce constat effarant sur l’inégalité des producteurs est une réalité puisque, selon ce même rapport, un quart de toutes les exploitations agricoles européennes ont fait faillite entre 2003 à 2013. En 10 ans, 96% des exploitations qui ont disparu possédaient moins de 10 ha. A contrario, le nombre de fermes de plus de 100 ha a augmenté de 16% pendant cette période. Elles utilisent maintenant 52% de la superficie agricole. Cette répartition des subventions conduit à la précarisation du métier d’agriculteur ou de producteur puisque, le prix des produits étant fixé sur le marché international à cause de la libéralisation des échanges, les coûts de production tombent souvent en deçà des bénéfices réalisés. La plupart des exploitations agricoles ne sont pas rentables et ne pourraient survivre sans les subventions de la PAC. Du risque lancinant de la faillite, il en découle des drames humains car, selon une enquête française, le risque de suicide est plus élevé de 12,6% chez les agriculteurs, et de 57% chez les plus pauvres d’entre eux. Enfin, le secteur économique doit pallier au non-renouvellement générationnel : environ 3,5 millions d’agriculteurs de plus de 65 ans vont prendre leur retraite dans quelques années alors que les jeunes ne privilégient pas ce choix de carrière. Ainsi, le calcul des subventions - par hectares, et non pas par travailleurs - continue de favoriser l’acquisition de grands terrains. Elle entraîne l’augmentation des prix des terrains, plutôt que de soutenir l’emploi et l’attractivité du secteur agricole. 

Les exploitations qui reçoivent le plus de subventions de la PAC peuvent se développer et s’agrandir plus facilement que les petites exploitations Pour un autre PAC, 2020

Les exploitations qui reçoivent le plus de subventions de la PAC peuvent se développer et s’agrandir plus facilement que les petites exploitations Pour un autre PAC, 2020

Près d’⅓ des agriculteurs de l’UE est à l’âge de la retraite, sans repreneur assuré Pour un autre PAC, 2020

Près d’⅓ des agriculteurs de l’UE est à l’âge de la retraite, sans repreneur assuré Pour un autre PAC, 2020

En partant du postulat selon lequel la PAC incite les agriculteurs à agrandir leur exploitation, elle encourage, par conséquent, la spécialisation des cultures. Pourtant, la monoculture constitue un risque environnemental majeur puisqu’elle épuise les terres - sans leur laisser le temps de se renouveler avec des périodes de jachère. En apparence, la PAC tente, depuis quelques années, de soumettre les producteurs à des conditions de protection environnementale pour bénéficier de ses aides. En réalité, la PAC se base seulement sur quelques directives européennes relatives au bien-être animal - dans son acception la plus minimale. Si la PAC se réfère à ces textes, l’allocation de subventions n’est absolument pas conditionnée au respect de leurs conditions. Peu de contrôles sont effectués (moins de 5% des exploitations) et le non-respect de ces règles communautaires est encore plus rarement sanctionné. Bien que la corrélation entre la PAC et le désastre écologique en Europe ne soit pas véritablement établie, le rapport susmentionné démontre à quel point la faune et la flore subissent de fortes pressions au sein de l’Union Européenne. Les pratiques intensives engendrent une forte perte de biodiversité, notamment à cause de la monoculture, des pesticides et des engrais. A titre d’exemple, près de 60% des espèces animales et 77% des habitats naturels ont été requalifiés en “menacés.” A cet égard, la PAC pourrait représenter un levier potentiel d’action majeure pour inciter à la réduction des pesticides. Pourtant, elle ne dispose d’aucun instrument à cet égard… Les ventes de pesticides dans les États membres ont même explosé : par exemple, elles ont augmenté de 60,5% dans les pays Baltes et de 17,4% en France. Par ailleurs, l’élevage - souvent intensif - est très peu encadré et, outre le problème de la maltraitance animale, le purin généré par les animaux ne fait pas l’objet d’une réglementation commune. De fait, la concentration de nitrate n’a cessé d’augmenter dans les eaux souterraines (sans compter tous les déchets phytosanitaires rejetés dans la mer par les cours d’eau) : entre 2012 et 2015, 13,2% des sites de surveillance ont dépassé la limite de 50 mg de nitrate par litre d’eau potable. La pollution des nappes phréatiques s’accompagne souvent d’un problème de surfertilisation très visible sur les littoraux. En Bretagne, l’agriculture et l’élevage intensifs sont à l’origine du phénomène des algues vertes. Elles dégagent tellement de gaz toxiques qu’elles causent la mort de la faune environnante. Les faits divers évoquent, régulièrement, la mort des chevaux à cause de cavaliers non-avertis. En définitive, la PAC ne satisfait plus aux promesses qu’on attend, désormais, d’une réglementation commune aux États-membres de l’Union Européenne. 

Les ventes de pesticides n’ont pas baissé de manière flagrante de 2011 à 2016. Elles ont même augmenté dans la plupart des pays européens Pour un autre PAC, 2020

Les ventes de pesticides n’ont pas baissé de manière flagrante de 2011 à 2016. Elles ont même augmenté dans la plupart des pays européens Pour un autre PAC, 2020

La concentration de nitrates dans les eaux souterraines, majoritairement à cause des déjections animales, pollue les cours d’eau Pour un autre PAC, 2020

La concentration de nitrates dans les eaux souterraines, majoritairement à cause des déjections animales, pollue les cours d’eau Pour un autre PAC, 2020

Selon une étude d'Ipsos, les 3⁄4 des agriculteurs français (73%) sont insatisfaits de la PAC en 2020 : 64% d’entre eux sont favorables à une taxation plus forte des produits agricoles hors UE. Ils estiment, effectivement, que le fonctionnement du système n’est pas assez équitable et ne promeut pas suffisamment la protection et la pérennisation du marché national. Par ailleurs, selon un sondage appelé “Pour une autre PAC” réalisé par Ipsos, 88% des Français interrogés souhaiteraient que la PAC permette une rémunération décente des agriculteurs en activité. En outre, 87% souhaiteraient mettre l’accent sur la préservation du climat, de l’environnement et de la santé. A cet égard, 64% des personnes interrogées aimeraient que les agriculteurs bénéficient d’une formation afin qu’ils puissent appréhender une transition aux pratiques alternatives, sans pesticides de synthèse. Dans ce même sondage, 85% des Français souhaiteraient privilégier le bien-être animal et 85%, l’accès à une alimentation locale et majoritairement biologique. 

Alors que la PAC est financée par l’argent public des États membres, il convient de constater un décalage entre l’impact du modèle agro-industriel encouragé et les attentes des Français/Européens sur les plans sociaux, environnementaux et alimentaires. Dans un rapport de 2020, l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires identifie, pour l’année 2016, une déplorable répartition de la valeur ajoutée entre la chaîne des acteurs pour 100 euros dépensés par un consommateur français dans l’alimentaire. Sur ces 100 euros d’achats alimentaires, il s’avère que seulement 8,20 euros sont destinés à l’agriculture, l’industrie alimentaire recevant 13,20 euros, le commerce, 19,80 euros, les importations (de produits alimentaires et de matières premières pour l’alimentation animale), 14,30 et 15,30 euros. Par conséquent, il ressort de cette étude que les consommateurs européens n’ont pas d’emprise, au travers de leurs choix de consommation, sur le marché agricole européen. Seule la PAC peut remédier à la précarisation des producteurs et agriculteurs, trouver des solutions durables pour favoriser une agriculture plus respectueuse de l’environnement et pallier le déséquilibre entre les attentes des consommateurs et la réalité. 

L’insatisfaction des agriculteurs est considérable et ce, particulièrement à cause de la répartition inégale des subventions entre ces derniers Pour un autre PAC, 2020

L’insatisfaction des agriculteurs est considérable et ce, particulièrement à cause de la répartition inégale des subventions entre ces derniers Pour un autre PAC, 2020

Les Français sont plus soucieux de problématiques, telles que la rémunération des agriculteurs, le respect de l’environnement, le bien-être animal ou l’accès à une agriculture biologique que les exportations à travers le monde Pour un autre PAC, 2020

Les Français sont plus soucieux de problématiques, telles que la rémunération des agriculteurs, le respect de l’environnement, le bien-être animal ou l’accès à une agriculture biologique que les exportations à travers le monde Pour un autre PAC, 2020

L’euro alimentaire est décomposé en valeurs ajoutées induites, importations et taxes FranceAgriMer 2020

L’euro alimentaire est décomposé en valeurs ajoutées induites, importations et taxes FranceAgriMer 2020

Si l’agriculture s’est trouvée une place dans les économies française et européenne généralement, elle peine toujours à s’imposer comme un véritable secteur économique au Liban. Avant la guerre de 1975, ce petit pays du Croissant Fertile comptait l’agriculture comme sa plus grande richesse, avec  35% de sa surface totale comme terres cultivées, dont 25% étaient des terres irriguées. La population active agricole était d’environ 20%, sa contribution au PIB étant de 33%. Bénéficiant d’une diversité de climats, de pluies fortes, et de la présence abondante d’eau douce ; le secteur agricole était en effet sur le chemin pour devenir le secteur principal de ce pays : le Liban exportait des productions excédentaires d’agrumes, de pommes ou de légumes frais dans les pays voisins. Cependant, depuis le début des années 60, le Liban se dirige clairement vers une économie plus concentrée sur les services. La guerre civile qui a duré 15 ans - de 1975 à 1990 - a davantage affaibli l’agriculture, réduisant la surface cultivée et augmentant les importations. Depuis 1985, l’agriculture ne représente même plus 5% du PIB : les capitaux d’investissement se dirigent désormais plutôt vers les secteurs du commerce et des services, et le Liban est contraint d’importer 80% de sa nourriture. Le manque d’autosuffisance alimentaire et d’exportation, face à une importation si massive, est l’une des raisons principales de la crise économique sans précédent qui touche le Liban aujourd’hui, et le secteur agricole est l’un des secteurs les plus touchés. Selon le Centre de recherche et d’études agricoles libanais (Creal), la production agricole libanaise aurait chuté de 40 % dans le PIB agricole global en 2020.

Pourquoi l’agriculture libanaise est-elle donc dans un si mauvais état ? Moussa Freiji, fondateur du groupe Tanmia et président du syndicat des éleveurs de volailles, explique au Commerce du Levant « Rien n’a été fait pour le développement du secteur agroalimentaire. On a presque toujours favorisé le commerce à travers notamment la signature d’accords de libre-échange. Cela s’est fait au détriment de l’agriculture locale, dont les coûts la rendent peu compétitive face aux productions étrangères, qui sont toutes, de surcroît, subventionnées ». La situation des acteurs du secteur agricole n’est pas attrayante : c’est une main d’œuvre vieillie, précaire et peu formée, qui n’a pas accès à un système public de couverture santé (sécurité sociale), ni à un régime de retraite de vieillesse. Les agriculteurs ne sont pas couverts par le droit du travail libanais, ce qui fait de l’agriculture un secteur majoritairement informel. Il n’existe également aucun système d’assurance qui protège les agriculteurs contre les accidents climatiques, ni contre les catastrophes naturelles : l’agriculteur doit en supporter les coûts. Selon le compte-rendu sur la pauvreté du programme des Nations Unies sur le Développement (ou UNDP) et CAS en 2008, 67% des foyers fermiers tombent sous le seuil de pauvreté. Il y a clairement un grand manque de financement du secteur agricole puisqu’il reçoit moins de 1% du budget national, et le financement du secteur privé ainsi que les prêts bancaires au secteur agricole sont limités. Les agriculteurs étaient donc jusque-là obligés d’employer une main d’œuvre étrangère peu chère, et de financer leurs activités par petits crédits. Or, avec l’instauration d’un gel de crédits par les banques pour pallier à la crise économique, les agriculteurs se trouvent totalement démunis. L’extension urbaine incontrôlée, le mauvais entretien du sol la concurrence déloyale des pays voisins, et l’absence de politique claire de relance de l’agriculture constituent également des défis auxquels ils doivent faire face… Il n‘est plus surprenant que l’agriculture libanaise soit aujourd’hui réduite à néant.

Le Liban avait conclu un accord avec l’UE en 2002, permettant un libre accès des produits industriels et agricoles libanais aux marchés européens, avec des tarifs et quotas préférentiels. Il avait aussi signé le Grain and Feed Trade Association (GAFTA) avec 17 pays arabes, qui permettrait un échange plus libre des produits. Néanmoins, les producteurs libanais peinent à répondre aux exigences de qualités requises, en l’absence de politique agricole moderne et sérieuse.

Dans l’effort de prendre part au développement de l’agriculture à l’échelle mondiale, le Liban semble développer un nouveau type d’agriculture : l’agriculture « bio » (AB).  Suite à la détérioration des produits agricoles à cause des produits chimiques, ainsi qu’à l’érosion du sol, l’AB s’est présentée comme une bonne alternative à l’agriculture traditionnelle. En 1990, quelques agriculteurs ont entrepris l’agriculture biologique. Cependant, l’absence d’un marché organisé a constitué un frein pour l’amplification de ce mouvement, lequel a surtout été pris en charge par la société civile. Dont certaines ONG telles que Greenline, BioCoop Lubnan, ainsi que MECTAT.

En 2001, environ 200 ha étaient dédiés à l’agriculture biologique. Cette superficie est passée à 2180 ha en 2008, ce qui montre un vrai intérêt pour l’AB du côté de l’offre et de la demande. Face à cela, le ministère de l’agriculture a préparé en 2012 un projet de loi sur la production bio en se référant au plan UTF – LEB - 018. En attendant que cette loi soit votée, il a publié le 21 novembre 2011 un décret ministériel qui contient le même texte du projet de loi. Ce décret régule le secteur biologique en définissant clairement les obligations des producteurs, distributeurs et organismes de certification. Il permettra au ministère de commencer à organiser le secteur de la production organique une fois la loi votée. La loi a finalement été adoptée le 14 mai 2020, avec le même texte du décret.

La France, quant à elle, faisait face à une augmentation de la demande bio dès 1970. C’est ainsi qu’en 1985, le ministère de l’agriculture a mis en place un label « Agriculture Biologique », qu’il continue de promouvoir à travers l’Agence Bio. Cette agriculture continue de bénéficier d’un large marché : selon l’Agence Bio, en 2019, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques et près des 3⁄4 consomment bio régulièrement. Sur une surface cultivée bio de plus de 13.8 millions d’hectares dans toute l’UE, la surface française arrive en deuxième place, juste après l’Espagne. 

Toutefois, se pose la question du coût de celle-ci sur l’agriculteur. Le label bio est délivré par des organismes spécifiques aux agriculteurs dont le mode de production respecte les conditions mentionnées dans le règlement (CE) n°834/2007 et ses textes d’application. Les agriculteurs doivent aussi payer ce label entre 350 à 850 euros par an, selon la superficie de l’exploitation. Cependant, le coût n’est pas la plus grande plainte des agriculteurs. En effet, la France s’est alignée sur le nouveau règlement européen sur l'agriculture biologique en janvier 2009, au détriment de sa réglementation antérieure. Seulement, aux yeux de beaucoup de producteurs et d’organismes bio, les règlements de l’UE sont beaucoup moins exigeants, et compromettent la qualité des produits.Les producteurs préfèrent adhérer aux labels plus stricts qui reprennent la réglementation bio antérieure à l’UE (comme Bio Cohérence)plutôt que d’utiliser le label bio, perçu comme un coût relevant plus de l’aspect marketing que de celui éthique. L’association Nature et Progrès a admis que la réglementation de l’Union européenne était trop focalisée sur les marchés, et qu’elle ne constitue pas assez de reconnaissance auprès de l’agriculture biologique.

En 10 ans, les dépenses en faveur de l’alimentation biologique ont doublé Pour un autre PAC, 2020

En 10 ans, les dépenses en faveur de l’alimentation biologique ont doublé Pour un autre PAC, 2020

Toutefois, entre ceux qui soutiennent le bio et ceux qui tendent plutôt vers l’agriculture traditionnelle, il y a ceux qui rejettent complètement l’agriculture bio. Le 22 septembre 2017, des agriculteurs manifestaient sur les Champs-Élysées contre le CETA et pour défendre le maintien de l’autorisation du glyphosate, que les défenseurs du bio voulaient abolir. Cet herbicide était accusé de toxicité : le CIRC l’a classé en 2016 comme "cancérigène probable," la caféine étant 30 fois plus nocive. La disparition d’un produit si utilisé coûterait aux agriculteurs entre 1 et 2 milliards d’euros. Il convient aussi de rappeler que l’agriculture bio diminue le rendement agricole, donc il faut libérer plus de terres pour pouvoir cultiver plus et garder le même rendement. De plus, les agriculteurs bio, qui n’utilisent pas de pesticides, doivent travailler davantage les terres pour se débarrasser des mauvaises herbes, donc utilisent plus de carburant. Des experts de l’ONU s’inquiètent alors d’un danger de déforestation si la production bio n’est pas assez encadrée. Il s’avère finalement que la pression médiatique exercée sur les agriculteurs de délaisser l’agriculture traditionnelle « exécrable » au profit de l’agriculture bio plus « pure », et qui revient d’ailleurs plus chère au producteur ainsi qu’au consommateur ; pourrait bien avoir des effets néfastes sur l’environnement, contrairement à l’opinion publique.

Outre le passage d’une agriculture classique à une agriculture biologique, la PAC pourrait encourager la transition vers une alimentation moins carnée dans la mesure où la production de viande est bien plus polluante que la culture agricole. Malgré l’augmentation de la consommation de viande dans le monde, l’alimentation végétarienne ou végétalienne constitue le mode de consommation alimentaire qui a le moins d’impact sur l’environnement. En effet, les besoins en eau et la surface de sol nécessaire à la culture sont moindres par rapport à celles qui sont requises par l’élevage. De surcroît, les cultures de légumes, de fruits et autres oléagineux dégagent moins d’émissions de gaz à effet de serre que la production de viande ou de produits d’origine animale. D’autant plus qu’il ne faut pas non plus oublier que l’élevage suppose la production de fourrage pour nourrir les animaux : avec la menace planante de la surpopulation, ne faudrait-il pas nourrir des humains plutôt que des animaux - eux-mêmes destinés à nourrir les plus riches? 

La production mondiale de viande ne cesse d’augmenter Les Nations Unies, FAO

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Les régimes végétariens ou végétaliens sont bien plus respectueux de l’environnement que les régimes carnés LivingZeroWaste, 2018Un programme de partenariat exclusif pour la coédition articles et analyses de droit de ELSA, Lyon et The Phoenix Dailyh…

Les régimes végétariens ou végétaliens sont bien plus respectueux de l’environnement que les régimes carnés LivingZeroWaste, 2018

Un programme de partenariat exclusif pour la coédition articles et analyses de droit de ELSA, Lyon et The Phoenix Daily

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